Rappel
Cette technique est interdite hors du contrôle des pouvoirs publics dans de nombreux pays. Ne vous adonnez pas à des pratiques illégales. Soyez un bon citoyen et respectez les lois ! Débrouillez-vous pour distiller sur un sol où ces activités ne sont pas réglementées, par exemple (vous direz alors qu'on n'a pas le droit de transporter même le vin de fruits non distillé, a fortiori le produit des opérations...).
Pour respecter les lois, vous devrez confier votre moût à un alambic public, qui effectuera l'opération en toute légalité. L'artisan vous facturera son travail, plus les taxes spécifiques destinées à financer les nombreuses activités d'utilité publique organisées par l'Etat. En agissant de la sorte, vous contribuerez au maintien d'un métier qui se raréfie, vous participerez aux oeuvres publiques, et vous assisterez aussi à un joli spectacle. Car un véritable alambic, c'est autre chose que ce qui est décrit ci-dessous !
Ceux qui utiliseront les trucs ci-dessous le feront, bien entendu, uniquement pour avoir de l'eau distillée à mettre dans leur fer à repasser. Ou bien, à l'extrême limite, pour faire de l'essence de lavande. Comme il est heureux d'avoir des lecteurs honnêtes et sérieux !
Rappel du principe de la distillation
On sépare deux liquides en faisant s'évaporer le plus volatil des deux. La température d'ébullition de l'alcool est en effet de 78°, contre 100° pour l'eau, s'il est besoin de le rappeler. Si c'était l'eau qui nous intéressait, tout serait simple : on l'aurait au fond de la casserole. Mais c'est l'eau de vie que nous recherchons. Il faut donc récupérer la vapeur d'alcool, et provoquer sa condensation. C'est le rôle de l'alambic.
En chauffant votre moût à 79° et en y croyant très fort, vous devriez récupérer de l'alcool pur au bout du serpentin. Bon, c'est un peu plus compliqué que ça, mais disons que ça marche assez bien tout de même.
Un alambic est donc une casserole, conçue pour que l'on puisse récupérer les vapeurs. Elle est donc hermétique et munie d'un seul tuyau pour laisser s'échapper ces vapeurs. Presque tout le monde a cela dans sa cuisine : c'est une cocotte minute.
Seb ®, l'ami du contrebandier
La bonne vieille cocotte, voilà la solution ! Au passage, remarquez que les modèles modernes de luxe (Ultra-cuiseur, Clipso®, etc.) ne sont pas adaptés à notre chimie amusante, ou en tout cas à essayer on pourrait les abîmer. Les anciens disent que les modèles super-géants (12 litres ou plus) n'ont été mis sur le marché que pour les bouilleurs de cru. Comment donc, la marque d'équipements ménagers serait-elle complice de ces pratiques illégales ? Nous n'osons le croire... Pour le modèle inox (préférable à l'aluminium en toutes circonstances) contenance 8 litres (6 l c'est trop petit pour le couscous avec les copains) compter de l'ordre de 100 €uros. Mais beaucoup l'ont déjà chez eux, ou bien à la rigueur on trouve des imitations deux fois moins cher.
Un autre accessoire est nécessaire en complément : le serpentin. C'est simplement un tuyau de cuivre enroulé en hélicoïde (et non pas en spirale) dans lequel la vapeur se condense. Où trouver cela ? Dans presque n'importe quel magasin de bricolage. Il faut acheter du cuivre recuit (en langage plombier, ça veut dire qu'on peut le tordre à la main), le diamètre idéal étant, a priori, le 8/10, le plus fin qu'on puisse trouver sans trop chercher. Il vous en faut 8 ou 10 mètres, que vous enroulerez, autour d'un pot de fleurs par exemple, pour lui donner la forme désirée. (dépense de l'ordre 15 €uros)
Où l'on bricole un peu
Mais, me direz-vous, comment faire le raccord entre ces deux pièces maîtresses de notre alambic. Certains achètent une tétine de bronze de rechange et la soudent au tuyau ; ils seront alors obligés de dévisser la tétine à chaque session, s'ils veulent utiliser la cocotte à autre chose. Autant dire qu'une méthode aussi compliquée ne peut s'envisager que pour des gens qui ont l'intention de produire beaucoup, ce qui est mal car illégal. Le véritable CyberGnôleur ne veut que réaliser une expérience qui enrichira ses conversations mondaines.
Il se contentera donc d'un raccord souple et amovible. Un tube légèrement souple, du bon diamètre, de qualité, qui tient à la chaleur, à l'humidité, aux solvants (l'occasion de rappeler que l'alcool est un solvant qui perturbe gravement les fonctions vitales du corps humain), disponible partout pour un prix modique ? Bien sûr, ça existe, c'est le fin tuyau qui va de votre gazinière vers la bouteille de butane. (vers 7.50 €) Ajoutez-y un petit collier de serrage qui maintiendra le tube solidaire de la tétine lorsque la pression montera dans l'assemblage.
Le système de refroidissement
Le serpentin devra être refroidi pour permettre aux vapeurs de se condenser. Cela se fait avec de l'eau courante. Pour gaspiller le moins possible d'eau, votre serpentin doit être contenu dans un récipient à la bonne taille. Un petit seau entre 5 et 10 litres, acheté ou récupéré, convient parfaitement. Choisissez-le dans une matière qui vous paraîtra bien tenir le coup à la chaleur, car il risque d'être échauffé à des températures de l'ordre de 80°.
Après avoir tordu votre tuyau de manière à ce qu'il rentre dans le seau, faites un trou au fond de celui-ci, le plus proche possible du diamètre du serpentin. Le raccord peut même être rebouché avec du gel silicone pour salles de bain, ou tout autre moyen. Pour une installation provisoire par exemple, une étoupe à base d'essuie-tout suffit. En posant l'assemblage sur une éponge, la fuite sera ramenée à presque rien.
Pour finir de préparer votre seau, faites aussi une entaille vers le haut, histoire que lorsqu'il débordera, cela sera là où vous l'aurez voulu et pas de partout. Un petit confort facile à obtenir.
Pour un refroidissement de qualité optimale, il vous faudra un bout de tuyau permettant que l'eau froide arrive au fond du seau plutôt qu'en surface.
Un réceptacle pour votre gnôle
Il vous faudra un récipient pour réceptionner la coulée. Il faut quelque chose qui puisse tenir un choc thermique : pour le cas où il y aurait un accident de refroidissement, que tout ne pète pas comme dans une vulgaire centrale nucléaire. Et un récipient d'une bonne contenance, car vous serez peut-être retenu au téléphone à un moment crucial. Entre un et deux litres, une simple casserole de taille moyenne convient parfaitement.
Votre matériel
est au complet ? Maintenant voyons comment le disposer.
Dans l'idéal, il vous faut une source de chaleur proche d'un évier.
Votre cocotte est soumise à la chaleur, le tube du serpentin rejoint
son seau de refroidissement, puis aboutit dans la casserole de réception.
Quoi distiller précisément ?
Que vous ayez ou non soutiré le jus clair, il faudra que vous preniez une décision concernant la pâte des peaux et chairs qui surnage après fermentation. En effet, elle contient aussi de l'alcool, pas forcément le plus mauvais au goût. Soit vous en faites fi car le CyberGnôleur ne recherche pas la quantité mais cherche à réussir son expérience amusante ; soit vous le distillez aussi, mais alors vous prenez le risque que cela brûle au fond, ce qui peut abîmer votre précieuse cocotte, et donner un goût désagréable à votre production.
Jus ou pâte de moût, vous pouvez remplir la cocotte généreusement. Ne dépassez pas cependant le dernier quart, cela amènerait un risque qu'un déchet de fruit obstrue le serpentin, voire la valve de sécurité aussi, et là c'est la catastrophe.
Votre cocotte doit être mise en chauffe lentement, pour permettre une bonne rectification et ne pas courir de risques inutiles. De toutes manières, si vous chauffez trop, vous distillerez l'eau aussi et obtiendrez un liquide beaucoup moins fort en alcool, ce qui n'est pas notre objectif (cf. la suite des opérations).
Note sur la sécurité des opérations
A moins de véritablement
faire l'andouille, il n'y a pas de risque. Voici la liste des bêtises
à ne pas faire, dans l'ordre du danger :
- Laisser le processus sans surveillance
- Remplir la cocotte véritablement jusqu'à la gueule (des déchets
pourraient boucher les valves)
- Ne pas vérifier la valve de sécurité de la cocotte
- Distiller systématiquement à feu fort
- Faire l'andouille avec des allumettes à proximité de la coulée
d'alcool chaud
- Saisir le tube chaud à pleines mains
- Se renverser la cocotte de moût épuisé bouillant sur les
pieds
D'une manière générale, comme il s'agit de surveiller un processus assez ennuyeux et très long, prévoyez quelques copains et un jeu de cartes.