Peur
de la vache folle ?
Effaré par le cirque de la fièvre aphteuse ?
Pas envie de bouffer de la dioxine ?
Problèmes de conscience, pas envie de tuer d'innocents animaux et de
"bouffer du cadavre" ?
Voici LA solution. C'est bien involontairement Jean-Pierre Coffe qui me l'a inspirée. Dans son émission intitulée "Ca se bouffe pas, ça se mange" sur France Inter en avril 2000 (le 1er du mois il me semble), il annonçait un progrès présenté comme déterminant dans la filière viande : le moubochon, animal transgénique particulièrement rentable et adapté aux exigences de l'exploitation industrielle.
En écoutant ces enthousiastes discours, je me disais que le problème n'était que reporté, qu'il fallait aller plus loin dans la modernisation de notre alimentation carnée.
EUREKA
!
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Dans l'heure qui suivait, hasard des choses, j'utilisais la yaourtière héritée de ma grande-tante. Et là mon cerveau bouillonnant a su voir l'avenir dans cette yaourtière. Miam-miam, soyez attentifs et découvrez notre futur gastronomique !
Vous rappelez vous cette petite boîte dans laquelle on faisait ses yaourts à la maison ? Eh bien elle va reprendre du service. Oh, ça sera un modèle amélioré, bien sûr. Mais le principe sera le même : on mettra un liquide spécial, un tout petit peu de "levure" de steack transgénique, on branche et hop, en une douzaine d'heures, mââgique, ça fera de la bidoche.
(Illustration empruntée à Technikart)
Une variété fantastique de goûts
Evidemment on pourra choisir la "levure" : il y aura des sachets pour faire du boeuf (avec la version de luxe, filet de boeuf de Salers par exemple), ou bien de la dinde, du porc, de l'autruche, et même du crocodile ou du requin, il y aura un choix formidable ! La "levure" sera une souche de cellules musculaires de l'animal choisi, génétiquement modifiée pour s'adapter à cette nouvelle forme de production, avec des hormones, des colorants et des arômes artificiels bien dosés. Le tout dans un tout petit sachet à conserver au réfrigérateur, et à éviter de manger tel quel car on pourrait se retrouver avec un filet mignon qui se développe de manière clandestine dans l'estomac.
Quelques exemples de kits de différents
arômes. Enthousiasmant !
Le liquide nutritif sera un extrait savamment dosé de nutriments (protéines de soja transgénique, sucres, vitamines, oligo- éléments apportés par l'industrie minière). Ce liquide sera vendu en briques Tetra Pak (R) stérilisées UHT ou bien en boîtes de conserve. Il y aura des nutriments garantis compatibles avec certaines souches de viande : par exemple, si on essaie de faire du poulet avec le liquide pour le boeuf, il y aura trop de fer et ça aura un goût de rouillé, bien sûr.
Une sécurité et une praticité d'emploi sans égales
Avec ces ingrédients stables dans le temps, plus jamais
on ne craindra de manger de la viande passée. Les risques de maladies
comme la vache folle seront exclus, de même que le ver solitaire (ah, un tartare
de porc transgénique !). Les élevages disparus, il n'y aura plus de
fièvre aphteuse, de bruxellose. Pour faire des conserves maison,
plus de risque de botulisme. Pour votre carpaccio, impossible de trouver une
viande plus fraîche, plus tendre !
Pour les voyageurs, les randonneurs, les navigateurs solitaires et les alpinistes,
les modèles légéres d'étuves à piles permettront
de disposer d'un menu équilibré et savoureux dans toutes les conditions
les plus difficiles. Encore plus fort, pour les militaires en campagne, fini
les boîtes de singe ! Les règles de tenue de stock dans les intendances
militaires en seront bouleversées.
Les sachets individuels, adaptés à
tous les types de consommation.
L'aliment diététique idéal
Et oui, car il y aura des kits lights, qui permettront de produire une viande absolument exempte de toute graisse. Idéal pour maintenir la ligne tout en conservant le plaisir, parfait pour les régimes hyper-protéïnés qui obligeaient jusqu'à maintenant à bouffer de la poudre. De même, on pourra acheter des préparations garanties sans la moindre trace de sel, pour les régimes hypo-sodés. Bien sûr on trouvera des produits "spécial santé" à teneur garantie en vitamines, pour la croissance des enfants, etc.
Le respect des professionnels
Et puis il y aura toujours des bouchers, qui vendront
une viande de qualité spéciale, grâce à des procédés de maturation dans de plus
grandes étuves. Cela sera plus sympathique de s'adresser à eux pour acheter
un gros gigot qui ne pourrait pas rentrer dans la petite yaourtière
familiale. Les boucheries disposeront de souches
réservées de "levure", de manière à leur conserver un avantage gustatif par
rapport à la production maison. Ils pourront pratiquer la maturation de la viande
"à l'ancienne" (en effet, il y a quelques années la
viande de boeuf était considérée comme meilleure après
deux ou trois semaines de maturation en chambre froide avant sa découpe,
pratique moyenâgeuse heureusement disparue grâce à nos amis
de la Grande Distribution).
Pour les amateurs de viandes plus fermes, les "nouveaux bouchers"
auront des appareils qui, en émettant des impulsions électriques
dans la viande, la feront se contracter, et ainsi lui donneront plus de tenue
par des "séances de musculation".
Cantines scolaires : enfin la traçabilité parfaite
La restauration collective, et notamment les cantines scolaires, tireront aussi profit de ces innovations, par exemple en n'étant plus contraints de conserver des aliments en chambre froide négative (-23°C) , puisqu'ils seront toujours frais et fabriqués sur place au fur et à mesure. Il sera beaucoup plus simple de proposer un grand choix de menus, avec un approvisionnement simplifié en une ou deux références de concentrés faciles à manipuler que les professionnels délaieront avec de l'eau et des souches musculaires.
Des versions pour l'exportation dans le monde entier (ici
la Corée)
La liberté créative des cordon-bleus
Vous pouvez donc vous rendre compte, que ce procédé
bientôt disponible dans nos foyers, est l'ami de la véritable cuisine maison
: choix du goût grâce à des possibilités inédites de mélanges. Pourquoi ne pas
créer à la maison une nouvelle race de viande en mélangeant les souches
de gigot d'agneau avec celles de râble de lapin ? Voilà une belle incitation
à faire la cuisine à la maison, même si on n'a pas pu prévoir et faire les courses
!
De même, jamais on n'aura pu autant contrôler
le goût de la viande. Aujourd'hui qui peut goûter
le boeuf japonais de la Cour Impériale élevé au sake et
dont la viande tendre est, paraît-il, inégalable ? Personne. Mais
avec une petite dose d'alcool dans la préparation, rendez-vous à
Kyoto ! Ce n'est pas tout : avec la possibilité d'adjoindre du sucre,
des arômes comme la vanille, les premiers desserts à base de
viande apparaîtront chez les grands gastronomes, sur les meilleures
tables. Amis Anglais, vous ne serez plus obligés de mettre de la sauce
à la menthe sur l'agneau, elle sera dedans !
La fin des déchets animaux encombrants, une option écologique et éthique à la fois
Le problème des farines de viande sera réglé : il n'y
aura plus de carcasses d'animaux à mettre à l'équarrissage. Le cuir viendra
à manquer, hélas. Et bien sûr, plus de problème de pollution de
la nappe phréatique par le lisier de porc par exemple. L'auto-suffisance
alimentaire des pays du Tiers-Monde sera améliorée. Certes,
les brevets appartiendront tous à des multinationales pharmaceutiques
auxquelles il faudra verser d'immenses royalties, mais qui s'y arrêtera
?
Encore mieux : ce sera la fin de toute cruauté
envers les animaux. En effet, il n'y aura pas la moindre cellule nerveuse
dans ces préparations (les expériences pour produire de la cervelle d'agneau
seront longues et difficiles), donc aucune intelligence, ni même de vie à respecter.
Les végétariens pourront enfin manger de la viande, et même les indhous
manger du boeuf sans porter atteinte aux vaches sacrées ; les musulmans mangeront
enfin du saucisson qui ne viendra pas d'un animal impur, mais de cellules-souches
approuvées par les autorités religieuses.
La fantaisie dans votre assiette
Imaginez l'aspect ludique de la chose aussi : les modèles
de luxe d'étuves à culture de viande proposeront de nombreux accessoires,
parmi lesquels des moules : votre viande pourra avoir n'importe quelle forme
: le rectangle normal, mais aussi une jolie imitation de l'aspect des steacks
"d'avant", ou bien d'une cuisse de poulet ou de lapin (avec les os en plastique
à placer dans le boîtier). Plus jamais le problème du boucher qui vous
coupe un morceau trop gros : on pourra préparer selon l'appetit de
chacun, une autre source d'économie.
Et quel amusement grâce aux formes de
fantaisie : un petit coeur pour la St Valentin, des chiffres à assembler
pour souhaiter les anniversaires, une gaufre pour les enfants gourmands, une
croix pour les chrétiens à Pâques (et une forme de poisson pour le Vendredi
Saint), un croissant pour les musulmans au Ramadan, une étoile de David pour
les juifs, un $ pour les millionaires américains...
Lu dans la presse (Canard Enchaîné du 10 avril 2002) cet article étonnant : nous ne l'avions pas prévu, mais ça marche aussi avec le poisson !!! Comme la science est belle...
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Note sur les droits d'auteur
Les fantastiques innovations présentées ici sont sous le copyright du webmestre de ce site, car si jamais un truc pareil devait se faire un jour, au moins que ça me rapporte du pognon pour entretenir mon élevage clandestin >:-#